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Attentat du 14-Juillet à Nice: des enfants témoigneront pour la première fois lors du procès en appel

Lors du procès en première instance, aucun enfant de moins de 13 ans n'avait pu témoigner. Cette fois-ci, une dizaine d'enfants prendront la parole en visio-conférence depuis une salle aménagée au palais de justice de Nice.

Un moment difficile, mais aussi libérateur pour ces enfants. Pour la première fois, des enfants victimes de l'attentat du 14-Juillet 2016 à Nice vont prendre la parole, lors du procès en appel des deux accusés qui débutera ce lundi 22 avril dans la salle des grands procès de Paris.

Lors du procès en première instance, aucun enfant de moins de 13 ans n'avait pu prendre la parole. Mais Kimberley, âgée de 16 ans au moment de l'attentat, avait pu témoigner à la barre, et encourage aujourd'hui les autres enfants à faire de même.

"Il y a beaucoup de choses dont je n'ai pas osé parler à mes parents, donc ils ont tout appris le jour où j'ai témoigné", explique la jeune femme, aujourd'hui âgée de 24 ans, au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "Ça fait du bien, et j'encourage vraiment les enfants, même si c'est compliqué. C'est bien, de parler, ça fait du bien, ça libère, et ça peut aider à faire son deuil."

Un traumatisme important

Car encore à ce jour, le souvenir de l'attentat sur la promenade des Anglais marque encore l'esprit de ces enfants. C'est le cas d'Hassim, aujourd'hui âgé de 13 ans, qui a encore du mal à se rendre dans des endroits bondés.

"J'ai peur des endroits où il y a du monde, et je vais pas trop à d'autres événements", explique-t-il. "Comme le carnaval, j'ai pas pu y aller parce que j'avais peur aussi qu'il se passe autre chose comme ça."

Kenza, âgée de 11 ans, n'a plus remis les pieds sur la promenade des Anglais depuis l'attentat. Elle s'apprête aujourd'hui à raconter lors de l'audience des éléments qu'elle n'a encore jamais exprimés.

"Quand on est passé sous le camion, je pensais que maman était partie avec le camion, et que c'était une autre personne qui était venue sur moi", raconte-t-elle. "Ça, je l'ai encore jamais dit au psy, ni à personne. Et je me rappelle aussi quand maman s'est relevée du camion, elle avait peur que moi je saigne, alors que j'avais son sang sur moi."

Une salle aménagée au palais de justice

Les enfants témoigneront par visio-conférence, depuis une salle aménagée au sein du palais de justice de Nice. Pour rendre le moment moins impressionnant, une visite de la salle a été organisée pour les neuf enfants ce mercredi 17 avril.

"Cette salle qu'on nous a mise à disposition cette année est vraiment très lumineuse, très petite. Ça les a beaucoup rassurés de la voir", explique Marie-Pierre Lazard, avocate de l'association Une Voie des enfants.

Cette même association se tient aux côtés de ces enfants pour ce moment difficile. "La seule chose qu'on peut faire, c'est essayer de les soutenir dans cette volonté, et les accompagner au mieux pour appréhender ce lieu duquel ils vont être auditionnés, et de rendre ce processus judiciaire lourd le plus agréable et le moins intimidant possible", souligne Hager Ben Aouissi, présidente et fondatrice de l'association.

Le procès en appel, qui s'ouvrira à Paris, sera retransmis à Nice, dans le quartier de l'Arenas, et durera jusqu'au 14 juin.

Manon Aversa et Corentin Marabeuf avec Laurène Rocheteau